Le cinéma africain a vibré hier au rythme de l’émotion et de la mémoire. Le réalisateur ivoirien Joël Akafou, en collaboration avec LES FILMS DU CONTINENT, a présenté en avant-première son long-métrage documentaire Loin de moi la colère, sélectionné dans la compétition officielle de la 29e édition du FESPACO, catégorie documentaire long métrage. Projeté ce lundi 24 février en après-midi au Canal Olympia Ouaga-2000, ce film poignant plonge le spectateur dans les stigmates d’une crise qui a marqué au fer rouge l’histoire de la Côte d’Ivoire.
Au cœur du récit, Ziglo, un village lourdement frappé par la guerre post-électorale de 2011. Des maisons en ruine, des familles déchirées, des blessures invisibles mais profondément ancrées dans les cœurs. C’est dans ce chaos que se lève Maman Jo, femme au courage exemplaire, déterminée à reconstruire non seulement des murs, mais surtout des vies. Son combat : réunir les communautés déchirées, qu’elles soient Guérés, Mossis, Lobis, hommes ou femmes, tous marqués par la perte d’êtres chers et de leurs biens.
Tourné durant sept longues années dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, Loin de moi la colère est un voyage à travers la douleur et l’espoir, guidé par cette femme qui refuse de se laisser abattre. Avec patience et abnégation, elle tend la main, encourage le dialogue, défend le pardon, comme ultime remède aux maux de son peuple.
Joël Akafou ne cache pas l’ambition de son œuvre : « Ce film, c’est avant tout l’histoire de Maman Jo, une femme qui a choisi d’écouter, de soutenir, de réparer. Le message est clair : le pardon est la clé qui libère les âmes. Il faut apprendre à vivre avec son bourreau d’hier pour pouvoir avancer ensemble. »

Devant une salle comble, le public n’a pas caché son émotion. Des larmes ont coulé, des silences ont résonné plus fort que des mots. Le réalisateur a ensuite répondu aux interrogations des cinéphiles, revenant sur les péripéties du tournage, la difficulté de retracer l’histoire et notamment la douloureuse question de la restitution des corps.
Portant l’espoir que son film participe à la cicatrisation des plaies encore vives, il conclut avec une note d’espérance : « Nous voulons croire que les prochaines élections en Côte d’Ivoire se passeront dans la paix. Que plus jamais nous n’ayons à revivre ces heures sombres. »
Une nouvelle projection est prévue ce jeudi au Canal Olympia Pissy. Une invitation à plonger dans un récit bouleversant, porté par une femme dont la force inspire et interpelle.
Mamourou BENAO ✍️ pour Globinfos.net