Introduction
«Le genre doit être analysé sous l’angle des inégalités et des disparités entre homme et femme en examinant les différentes catégories sociales dans le but d’une plus grande justice sociale et d’un développement équitable » (SNG, 2021).
Il est un acquis, appris. Il est relatif, changeant et dynamique. Il évolue dans le temps et dans l’espace. Il est social. Les relations sociales sont déterminées par des rapports de rôles qui sont des responsabilités, de tâches et des activités.
Au Burkina Faso, 53% des victimes de violences en milieu étaient des filles en 2022 (MENAPLN, 2023).
Les normes sociales sont des règles ou usages reconnues comme légitimes dans un groupe ou une société qui les mettent et les entretiennent. Elles jouent un rôle déterminant dans la définition de l’accès des femmes et des hommes aux ressources et aux libertés, ce qui affecte leur voix, leur pouvoir et les sentiments d’appartenance à leur société, leur communauté, etc.
Les inégalités de genre renvoient aux différences sociales caractérisant les conditions de vie, le statut, la fonction et la position sociale attribués aux femmes, aux personnes défavorisées, etc.
- Contexte problématique
L’Initiative Priorité à l’Égalité (GCI) est ancrée sur le modèle de planification du secteur de l’éducation sensible au genre (GRESP). Cette initiative se donne pour objectif de mettre en œuvre une approche holistique axée sur les systèmes pour construire des systèmes éducatifs transformateurs en matière de genre, en s’attaquant à la fois aux obstacles à l’égalité des genres du côté de l’offre et de la demande en éducation. Le programme s’exécute dans huit (08) pays d’Afrique subsaharienne : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Nigeria, Sierra Leone et Tchad. Le but du GCI est de promouvoir l’égalité des sexes dans et par l’éducation.
Sur la période allant de janvier à juin 2021, le consortium formé par le Forum for African Women Educationalists (FAWE) -Coordonnateur national du consortium-, Plan International Burkina Faso et la Coalition Nationale Éducation Pour Tous Burkina Faso (représentant de ANCEFA au Burkina Faso), en collaboration avec le gouvernement du Burkina Faso (notamment les ministères en charge de l’Éducation Nationale, du Genre et de la Famille et de la santé) et avec l’appui technique et financier de l’Initiative des Nations unies pour l’éducation des filles (UNGEI) et l’Institut international de planification de l’éducation de l’UNESCO (UNESCO-IIEP), a réalisé plusieurs activités entrant dans le cadre de la mise en œuvre la première phase du programme Initiative « Priorité à l’Égalité » (GCI). Les principaux résultats atteints au cours ladite période sont :
- 1500 filles de treize (13) établissements scolaires de la province de Kadiogo bénéficiaires du projet ont reçu 3 000 masques de protection contre la COVID-19 (FAWE, 2023);
- A travers des émissio ns radiophoniques en direct et rediffusées (en direct en langues mooré et français), 2 098 000 femmes/filles et 1 268 400 hommes/garçons de la province de Kadiogo ont été sensibilisés sur les méthodes préventives de lutte contre la COVID-19, les besoins spécifiques des filles en période de COVID-19, les rôles et les responsabilités des acteurs du système éducatif (notamment les Associations des Parents d’Élève) dans la continuité éducative des filles en période de COVID-19 (FAWE, 2023);
- 304 femmes/filles et 85 hommes/garçons des treize (13) établissements scolaires de la province de Kadiogo bénéficiaires du projet ont renforcé leurs connaissances sur la pandémie de la COVID-19 (virus responsable, les modes de transmission de la maladie, les symptômes et les méthodes préventives de lutte notamment en milieu scolaire) et les besoins spécifiques des filles en période de COVID-19 (FAWE, 2023);
- 94 femmes/filles et 85 hommes/garçons des treize (13) établissements scolaires de la province de Kadiogo bénéficiaires du projet ont acquis des connaissances sur le comportement responsable permettant de lutter contre les grossesses non désirées en milieu scolaire (FAWE, 2023).
- Méthodologie
Cette réflexion est bâtie à partir des sources documentaires et des entretiens qualitatifs avec des acteurs.ces de l’éducation au Burkina Faso.
Les données utilisées dans le cadre de cette réflexion sont issues des activités (ateliers, sessions de formation, suivis des Clubs FAWE dans les lycées partenaires, …).
En plus, une analyse des documents ayant un rapport direct avec les inégalités sociales, les mécanismes endogènes de gestion de ces inégalités et la cohésion sociale a été très faite. Le but est de contribuer à l’amélioration de l’accès des adolescentes et des jeunes à l’information et aux prestations. - Situation de l’éducation des filles et normes sociales au Burkina Faso
La situation en matière de réussite des filles au Burkina Faso peut être résumée ainsi qu’il suit :
- La persistance des violences faites aux filles en milieu familial et scolaire reste une réalité vivace au Burkina Faso malgré les efforts de sensibilisation ;
- Au primaire en 2022, le taux de réussite au Certificat d’Études Primaires (CEP) était de 65,8 % dont 67,2 % pour les garçons contre 63,9 % pour les filles soit un écart de 3,3 points de pourcentage en défaveur des filles (MENAPLN, 2022).
- Au post-primaire, en 2022, on relevait un taux d’achèvement était de 42,6 % pour les filles et un taux de réussite au BEPC de 36,5 % au plan national dont 32,7 % seulement pour les filles (MENAPLN, 2022).
- Au secondaire, en 2022, le taux de réussite au Baccalauréat était de 39,6 % au niveau national contre 38,6 % pour les filles. Pour ce qui est du taux d’achèvement, il était de 17,5 % de façon globale dont 15,1 % pour les filles.
- Les différences de score en début de scolarité sont de 52,3 points et de 23,7 points respectivement pour la lecture et pour les mathématiques. En fin de scolarité, ces différences sont évaluées à 48,2 points pour la lecture et 55,2 points pour les mathématiques (MENAPLN, 2022).
Tous les comportements ne sont pas dictés seulement par les normes sociales. Dans certains cas, les gens choisissent de pratiquer un comportement pour des raisons qui ne dépendent pas de ce que les autres pensent ou font. Par exemple, les gens peuvent adopter des comportements malsains ou nuisibles en raison d’un manque de connaissance, d’une faible perception des risques du comportement, d’une incapacité à adopter des comportements alternatifs, des émotions associées au comportement, etc. Ces facteurs ne sont pas des normes sociales parce qu’ils sont indépendants de ce que les autres pensent ou font. Avant de concevoir une intervention, il est important d’évaluer le comportement en question et ses déterminants afin d’établir si des normes sont en jeu ou pas.
- Les normes sociales : importantes et enjeux dans la promotion de l’éducation des filles
Les normes sociales sont les règles perçues, informelles, et pour la plupart non-écrites, qui définissent les actions acceptables et appropriées au sein d’un groupe ou d’une communauté donnée, guidant ainsi le comportement humain.
Les normes sociales peuvent avoir des conséquences bénéfiques ou néfastes sur le bien-être des personnes. Les normes sociales sont au cœur de la façon dont l’ordre social est produit et maintenu dans la société. Selon le Réseau collaboratif d’apprentissage pour l’avancement du changement des normes sociales (2019). En effet, les normes sociales sont donc importantes parce qu’elles aident les communautés et les sociétés à fonctionner, en les liant entre elles et en promouvant des comportements collectifs. Parfois, l’ordre social et les comportements communautaires maintenus peuvent être des normes sociales nuisibles qui peuvent renforcer les dynamiques de pouvoir inégales et conduire à la discrimination et aux inégalités sociales et entre les sexes (.
Comprendre les normes sociales et le rôle qu’elles jouent dans l’influence des comportements est important parce que cela nous permet d’éclairer les interventions de changement social et de comportement qui vont au-delà des activités au niveau individuel et déclenchent un changement collectif en abordant des normes qui sont profondément enracinées. Cela augmente la probabilité d’apporter des changements positifs et durables. - Esquisses de quelques principales stratégies endogènes
Comme l’a souligné Allie McGonagle Glinski « Les structures sociétales créent des barrières à l’épanouissement des femmes ».
Face cette ce type de situation, il convient d’agir. Toutefois, il ne s’agit pas seulement de donner aux femmes des compétences et des ressources, mais aussi de changer les dynamiques sociales au sein des couples, des familles, et des communautés pour que les hommes apprécient aussi le rôle qu’ils peuvent jouer dans la réussite sociale des femmes, pour des sociétés plus égalitaires.
Les principales actions engagées par les acteurs.ces sont entre autres :
- Les actions visant la déconstruction des mentalités rétrogrades liées à l’éducation (accès, maintien et réussite) des filles puisque les habitudes sont difficiles à changer.
- Le renforcement des capacités des acteurs, sensibiliser les acteurs,
- La mise en place de réseaux de masculinité positive dans les écoles et établissements ;
- Les sous clubs de masculinité positive constitués uniquement de garçons créés au sein des Clubs Deekan.
Dans les Clubs Deekan, la composition des membres est faite de sorte que les postes sont mixtes : « Si la présidence est dirigée par un garçon, le secrétariat général est confié à une fille et vice versa », selon la DPEIDFG à l’occasion d’un atelier de plaidoyer à Ouagadougou. - L’élaboration d’un guide référentiel de masculinité positive par la DPEIEFG sur accompagnement de l’État et du FNUPA.
Références
Le Monde (2022). En Afrique, la « masculinité positive » pour soutenir l’entrepreneuriat féminin. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/01/22/en-afrique-la-masculinite-positive-pour-soutenir-l-entrepreneuriat-feminin_6110527_3212.html
Assemblé Nationale (2019). Stratégie Nationale Genre 2020-2024. Ouagadougou.
Allie McGonagle Glinski https://www.icrw.org/
Sood, Suruchi, et al. (2020). The Act Framework Package: Measuring social norms around female genital mutilation – Social norms desk review, United Nations Population Fund, Drexel University Dornsife School of Public Health et United Nations Children’s Fund, [New York et Philadelphia], décembre 2020.
UNICEF (2021). Définition des normes sociales et des concepts connexes, https://www.unicef.org/media/114436/file/Social-norms-definitions-French.pdf
Le réseau collaboratif d’apprentissage pour l’avancement du changement des normes sociales (2019). Ressources pour la mesure des normes sociales : Un guide pratique pour les responsables de la mise en œuvre des programmes. Washington, DC : l’Institut pour la Santé de la Reproduction, Université de Georgetown,
https://www.alignplatform.org/sites/default/files/202103/lc_resources_for_measuring_social_norms_guide_final_02262021_fre.pdf