Mardi 07 novembre 2023, Ouagadougou (Globinfos.net). Les premiers responsables d’Afrique Contre le Tabac (ACONTA) et leurs partenaires, dont le Réseau des Journalistes Antitabac du Burkina Faso (REJAT-BF) ont animé une conférence de presse assortie du lancement du rapport sur l’indice d’ingérence de l’industrie du tabac 2023, au Burkina Faso.
Le tabagisme reste l’une des plus grandes menaces pour la santé publique et la lutte antitabac reste une priorité mondiale en matière de santé. En effet, selon le neuvième rapport 2023 de l’OMS sur l’épidémie mondiale de tabagisme, la consommation de tabac est à l’origine de plus de 8 millions de décès par an dans le monde. Le modèle d’investissement pour la lutte antitabac au Burkina Faso nous renseigne que près de quatre mille sept cents (4 700) personnes meurent chaque année des suites de maladies liées au tabac, soit deux pour cent (2 %) de tous les décès du pays. De même, le gouvernement dépense cinquante-sept milliards (57 000 000 000) de francs CFA par an pour faire face aux conséquences sanitaires et socio-économiques dévastatrices de la consommation de tabac. Ce sont là quelques statistiques des leaders d’Afrique Contre le Tabac (ACONTA) et du Réseau des Journalistes Antitabac du Burkina Faso (REJAT-BF) liés au rapport d’évaluation de l’indice de viabilité de la lutte antitabac et son fonctionnement au Burkina Faso, leur permettant de noter une faible durabilité de la lutte contre le tabagisme au regard du score obtenu qui est de 53/130.
« Je prends la parole aux noms d’Afrique Contre le Tabac (ACONTA) et du Réseau des Journalistes Antitabac du Burkina Faso (REJAT-BF) pour vous remercier d’avoir répondu à notre invitation. Recevez nos sincères reconnaissances pour votre accompagnement permanent à nos côtés dans le cadre de cette lutte contre le phénomène tabagique, une véritable préoccupation de santé publique, un mal qui ronge en silence nos populations, fumeurs ou exposés à la fumée de la cigarette, en particulier les jeunes.» , a d’emblée introduit Adama Zongo, coordonnateur par intérim pour ACONTA/Burkina.
Émanent du rapport sur l’indice d’ingérence de l’industrie du tabac 2023, au Burkina Faso, cet état des lieux peut reluisant au pays des hommes intègres a donc été mis à la disposition des hommes et femmes de médias, par le coordonnateur par intérim d’ACONTA, Adama Zongo et son équipe en conférence de presse après lancement dudit rapport, ce mardi 07 novembre 2023 à Ouagadougou. En effet, selon ce coordonnateur ACONTA/Burkina, cette note de 53/130 est obtenue après la notation faite par le focus groupe sur la base d’un guide d’évaluation mis à la disposition des membres du groupe par l’Union Internationale contre la Tuberculose et les Maladies Respiratoires. Ainsi a-t-il révélé, ce rapport produit par le focus groupe recommande une forte implication des autorités politiques et administratives dans la lutte anti-tabac afin que soit mis en place des politiques efficaces qui puissent améliorer la pérennité de la lutte anti-tabac et partant réduire considérablement l’ingérence de l’industrie du tabac dans les politiques de santé publique.
C’est pourquoi comme les années précédentes, ACONTA et ses partenaires ont encore égrainé un chapelet de doléances sous forme de plaidoyer. Au titre de ces doléances, ACONTA et ses partenaires estiment que les industries du tabac et ses produits ne doivent pas être visible de l’extérieur, ce qui n’est pas le cas. « On constate des parasols dans les points de vente de tabac et qui font la publicité du tabac et des produits du tabac pour recruter de nouveaux fumeurs pourtant selon l’enquête step 2021, le taux de prévalence est de 13,6 %. En 2013, ce taux était de 19,8 %, soit une baisse significative de plus de 6 points. Donc, des actions doivent être menées pour réduire la consommation de tabac et partant réduire continuellement le taux de prévalence. Enfin, il y a presque 12 ans qu’est entrée en vigueur la loi 040-2010 AN du 25 novembre 2010 portant lutte contre le tabac au Burkina Faso. Il est urgent qu’elle soit révisée ou relue pour être en phase avec la CCLAT et les réalités de la lutte antitabac et surtout contrer les manoeuvres et les tactiques de l’industrie visant à saper les efforts du gouvernement en matière de lutte antitabac, ce d’autant plus que les produits nouveaux et émergents, à savoir les produits du tabac chauffés à base de nicotine et sans nicotine y compris la chicha et les dispositifs servant à consommer ces produits ne sont pas suffisamment encadrés par la législation antitabac existante. Cette situation constitue un vide juridique en matière de lutte anti-tabac et malheureusement un avantage pour l’industrie du tabac qui semble être autorisée à déverser ses produits sur le marché burkinabé. Une situation qui expose nos populations à de réels dangers, quand on sait que la consommation des produits du tabac est l’un des facteurs de la survenue des maladies non-transmissibles, comme l’infarctus du myocarde ou crise cardiaque, l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, l’accident, vasculaires cérébraux, le diabète, les cancers, les maladies respiratoires chroniquent, etc. Il faut noter que selon les prévisions de l’OMS, d’ici 2025 les maladies non-transmissibles seront responsables d’environ 33% de décès prématurés au Burkina Faso.
Nous appelons à une solidarité gouvernementale pour soutenir le Ministère de la santé qui porte le leadership de la lutte antitabac au Burkina Faso. Le ministre de la santé et de l’hygiène publique et ses techniciens font face à une industrie très puissante à même d’Interférer dans l’élaboration des politiques de lutte antitabac et, partant, de saper les efforts du gouvernement dans la protection de la santé publique», a parcouru, le coordonnateur Adama Zongo.
L’occasion faisant le larron, ce plaidoyer a été joint au rapport indice tabac 2023 pour le Dr Narcisse NARE chargé de mission/MSHP et le DGD/MDICAPME, Bamoussa Tassembedo. Déjà imprégné de la situation, ils ont tous promis faire de leur mieux de ce qui est de leur ressort pour une prise de décisions plus répressives contre le tabac au Burkina Faso, au plus haut niveau.
Pour devoir de mémoire, chaque année, sur impulsion de Southeast Asia Tobacco Control Alliance (SEATCA), un rapport sur l’état des lieux des efforts des pays en matière de lutte antitabac est publié. Et cette année également, ACONTA, organisation de la société civile, qui s’est investie dans cette lutte depuis plusieurs années, a, avec des partenaires, et au nom du Burkina, participé à l’élaboration du rapport 2023. Pour ce faire, Southeast Asia Tobacco Control Alliance (SEATCA), Organisation non-Gouvernementale, a élaboré un guide composé de 20 questions reparties en sept (07) catégories ou indicateurs qui permettent d’évaluer la façon dont les gouvernements répondent aux tactiques de l’industrie du tabac en utilisant les directives de l’article 5.3 de la Convention Cadre de L’OMS pour la Lutte Antitabac (CCLAT). Les sept indicateurs utilisés par l’indice pour mesurer le degré d’ingérence de l’industrie du tabac portent sur : 1 la participation de l’industrie du tabac à l’élaboration des politiques ; 2. Les initiatives de l’industrie du tabac en matière de responsabilité sociale des entreprises ; 3. Les avantages accordés à l’industrie du tabac ; 4. Les interactions inutiles avec l’industrie du tabac ; 5. La transparence dans les relations avec l’industrie du tabac ; 6. Les conflits d’intérêts de l’industrie du tabac ; politiques de santé publique de l’ingérence de l’industrie du tabac. 7et enfin les mesures préventives prises par les gouvernements pour leur protection…
✍️Mahomed7 BENAO