Les actions de l’ONG Amnesty International au Burkina Faso
Amado KABORE, Chargé de recherche à l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS)/CNRST
Alain Joseph SISSAO, Directeur de recherche à l’Institut des Sciences des Sociétés (INSS)/CNRST
Ce document de vulgarisation est extrait de l’ouvrage collectif publié sous la direction de Hans Peter Hahn, Alain Joseph Sissao, Amado Kaboré et Kathrin Knodel (Sous dir.) L’avenir des ONG en Afrique de l’Ouest, L’Harmatan, Etudes Africaines, Hors-série en 2023.
Résumé
Amnesty International est un mouvement mondial regroupant plusieurs millions de personnes à travers le monde. Ce sont essentiellement des acteurs qui prennent l’injustice comme une affaire personnelle. Fondé en 1961, le mouvement œuvre pour un monde où chacun peut se prévaloir de ses droits et de ses libertés.
Au Burkina Faso, Amnesty International intervient dans la promotion et la défense des droits humains, l’éducation aux Droits humains. L’ONG agit également à travers des actions et campagnes en faveur des droits de l’homme, dénonciations des violations des droits humains, de plaidoyer et de lobbying et le renforcement des capacités des partenaires. Il ressort de cette étude que l’ONG Amnesty International accroît de plus en plus ses interventions et son champ d’action au Burkina Faso.
Introduction
Au début, peu de gens imaginaient que des tortionnaires deviendraient des hors-la-loi internationaux. Il paraissait improbable que la plupart des pays abolissent la peine de mort. Il semblait tout aussi inconcevable que des dictateurs réputés intouchables aient un jour à répondre de leurs crimes. Le sens du Logo d’Amnesty International (bougie allumée entourée de barbelés) est « mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres ». Au Burkina Faso, Amnesty International enquête et révèle les faits lorsque des atteintes aux droits humains ont lieu, où qu’elles se produisent. Amnesty International fait pression sur les gouvernements et d’autres groupes exerçant un pouvoir, comme les entreprises. Cet organisme veille à ce qu’ils respectent leurs promesses et le droit international.
En relatant les histoires des gens avec lesquels Amnesty International travaille, il mobilise des millions de sympathisants dans le monde entier. Ensemble, Amnesty International mène une campagne pour le changement et défend les militants sur le terrain. Nous aidons les gens à revendiquer leurs droits par l’éducation et la formation.
1. Méthodologie
La méthodologie de travail de l’équipe a combiné plusieurs techniques sur un travail d’exploitation documentaire et des entretiens semi-structurés avec des personnes-ressources. En effet, une consultation de documents a été faite tout au long de la rédaction de l’article. Une multitude de ressources documentaires provenant de plusieurs sources ont par ailleurs été rassemblées par l’équipe de rédaction. Il s’agit essentiellement de rapports institutionnels d’organismes gouvernementaux et d’organisations non gouvernementales crédibles, mais aussi des articles de presse qui ont fait l’objet de vérification et de recoupement préalables, afin de s’assurer de la fiabilité des informations collectées.
Pour ce qui est des entretiens semi-structurés, ils ont été menés avec les responsables des représentants d’institutions nationales et internationales. Au total, douze (12) personnes ont été enquêtées. Certains des entretiens ont donné lieu à un plaidoyer en faveur des droits civils et politiques ou en faveur du renforcement de la coopération entre la société civile et ces institutions aussi bien dans le cadre de ce processus d’évaluation qu’au-delà. Les données collectées ont été manuellement traitées et exploitées dans le cadre de ce travail.
2. Origines d’Amnesty International
En 1961, Peter Benenson, un avocat britannique, s’est indigné de l’incarcération de deux étudiants portugais qui avaient porté un simple toast à la liberté. Il a écrit un article dans « The Observer » et lancé une campagne qui a provoqué une réaction d’une incroyable ampleur. Retransmis dans des journaux du monde entier, son appel a montré que des personnes pouvaient s’unir pour défendre solidairement la justice et la liberté. Comme l’a déclaré Peter Benenson, fondateur d’Amnesty International :
Ce n’était pas simplement la naissance d’un mouvement extraordinaire, c’était aussi le début d’un incroyable changement social. Lorsque le dernier prisonnier d’opinion aura été libéré, lorsque la dernière salle de torture aura été fermée et lorsque la Déclaration universelle des droits de l’homme sera devenue une réalité concrète pour tous à travers le monde, alors seulement nous pourrons dire que notre mission est achevée. (Traoré, Sissao & Kaboré, 2023, p.43)
Les droits humains occupent une place prépondérante dans les politiques publiques et institutionnelles ainsi que des organismes et instituts de développement. À ce niveau, Amnesty International a commencé par demander la libération des prisonniers politiques. Elle a maintenant élargi son action à la défense de tous les droits humains. Le Directeur Pays Burkina Faso d’Amnesty International Burkina Faso déclare que :
Nous œuvrons à la protection et à l’autonomisation des personnes ; de l’abolition de la peine de mort à la protection des droits sexuels et reproductifs ; du combat contre les discriminations à la défense des droits des réfugiés et des migrants. Nous parlons au nom de toute personne dont la liberté et la dignité sont menacées » (Traoré, 2018).
3. Amnesty International au Burkina Faso
Amnesty International au Burkina Faso a été autorisée à exercer ses activités sur l’ensemble du territoire national par l’arrêté ministériel N°22/MATS/SG/DGAT/DELPAJ du 20 mars 1996 modifié par le récépissé N°2011-097/MATD/SG/DGLPAP/DOASOC du 22 février 2011. Elle est devenue une section d’Amnesty International depuis le 1er janvier 2012 après avoir obtenu son statut de structure en mars 2007. La Section dispose d’un Bureau exécutif de 5 membres et d’une dizaine de professionnels.
Amnesty International Burkina Faso (AIBF) s’est dotée d’une stratégie de croissance en vue de garantir une croissance efficace et pérenne en membres, en visibilité, en jeunes, en femmes, en diversité, pour plus d’impact en droits humains. En termes d’effectifs, la section compte près de douze mille six cent vingt-deux (12 622) membres adhérents et sympathisants et quarante-quatre mille neuf cent quarante-sept (44947) supporters. Le membership est réparti comme suit : quarante-cinq (45) groupes et prégroupes, douze (12) entités estudiantines et plus de vingt-cinq (25) clubs implantés dans des lycées et collèges. Amnesty International Burkina Faso est représentée dans les 12 régions sur les 13 que compte le pays.
Conclusion
La section d’Amnesty International au Burkina Faso, en dépit des nombreuses difficultés, surtout sécuritaires, continue autant que faire se peut d’accompagner les populations du Burkina Faso dont les droits fondamentaux sont violés, souvent par ceux-là mêmes qui sont supposés garantir ces droits et les protéger. Amnesty International Burkina Faso face à ces défis a opté pour une utilisation encore plus marquée des outils des nouvelles technologies de la communication et de l’information afin d’atteindre des membres toujours plus jeunes et plus engagés, et habitués des réseaux sociaux qui sont devenus ainsi un atout incontournable pour le travail de mobilisation et de sensibilisation au centre de notre action.
Il nous faudrait, nous les « activistes » des droits humains, envisager d’entreprendre encore plus d’actions en faveur de la protection et de la défense des droits humains au Burkina Faso au regard de la situation sécuritaire de plus en plus dégradée qui entraine des violations massives graves des droits humains, de la part des groupes d’oppositions armés, dits groupes terroristes, mais également de groupes d’autodéfense très peu contrôlés par l’État, et même de la part des Forces armées et de défenses de plus en plus sollicitées sur le terrain. C’est dire qu’en plus de la crise économique mondiale qui prive la plupart des ONG de l’aide des contribuables, la quasi-impossibilité de se déplacer sur le terrain afin de protéger au mieux les populations toujours plus fragilisées commande que les leaders des ONG mettent en commun leurs idées et leurs actions afin de s’adapter à cette situation totalement inédite de crise généralisée, récemment aggravée par la crise de la pandémie à coronavirus.
Références bibliographiques
Amnesty International, 2016 – 2019, Rapports de recherches, Amnesty International Burkina Faso
Amnesty International, 2020, Rapport du Groupe de travail sur l’Examen périodique universel, Burkina Faso, A/HRC/39/4, recommandations 125.30 (France), 125.34 (Ukraine), 125.48 (Autriche) et 125.51 (Canada).
Centre pour les Droits civils et politiques (CCPR-Centre), 2016, Rapport de la Société Civile sur la mise en œuvre du Pacte international relatif aux Droits
Critiques, Initiatives et Innovation, 8-9 novembre 2018
Hans Peter Hahn, Alain Joseph Sissao, Amado Kaboré et Kathrin Knodel (Sous dir.) L’avenir des ONG en Afrique de l’Ouest, L’Harmatan, Etudes Africaines, Hors série.
Réseau d’action sur les armes légères en Afrique de l’Ouest (RASALAO-CI), Rapports de recherches RASALAO-Burkina Faso
SAWADOGO, Tiga Cheick, 2019, Droits humains et lutte antiterroriste : Le MBDHP révèle des exécutions sommaires, Le Faso.net, 14 mars 2019
TRAORE, Yves, 2018, Les actions d’Amnesty International (AI) au Burkina Faso, communication au colloque, In : Colloque international L’Avenir des Organisations Non-Gouvernementales (ONG) en Afrique de l’Ouest.
Burkina Faso, 2019, La loi 040-2019 portant code de procédure pénale du
Burkina Faso,