Journée mondiale de lutte contre la traite des personnes en différé au Burkina : En dépit des efforts, 29,21 % des 1486 enfants présumés victimes sont des filles et 70,79 % sont des garçons
Ouagadougou, le 7 octobre 2024 (Globinfos.net) – Le ministère chargé de l’Action humanitaire, en collaboration avec ses partenaires, dont l’Office contre la drogue et le crime, le PNUD et PROMIS, a commémoré, jeudi, en différé, la Journée mondiale de lutte contre la traite des personnes. Le thème de cette commémoration était : « Ne laissons aucun enfant de côté dans la lutte contre la traite des personnes ».
La commémoration a été marquée par une cérémonie d’ouverture et des panels autour de deux thèmes majeurs portant sur l’état des lieux du phénomène de la traite des personnes au Burkina Faso. La cérémonie s’est déroulée sous la présidence du ministère de l’Action humanitaire, représenté par le Secrétaire général, Désiré Romain Compaoré.
Plusieurs structures impliquées dans la lutte contre la traite ont pris part à cet atelier commémoratif, à l’instar du Réseau des communicateurs de lutte contre la traite des enfants, représenté par Mamourou Benao.
Le rapport national 2021 sur la traite des personnes fait état de 1532 victimes présumées, parmi lesquelles 97 % sont des enfants, soit 1486 enfants présumés victimes. Le premier intervenant a précisé que les principaux acteurs de cette traite demeurent les orpailleurs, les commerçants, les agriculteurs ainsi que les détenteurs de lieux de loisirs et de débits de boissons.
Le rapport indique que 29,21 % des 1486 enfants présumés victimes sont des filles et 70,79 % sont des garçons. Sur l’ensemble des enfants présumés victimes, 88,35 % ont été exploités par le travail, tandis que 11,65 % ont été soumis à une exploitation sexuelle. Ces chiffres ont été présentés par M. Somé Blanchard lors de la cérémonie commémorative en différé de la Journée mondiale de lutte contre la traite des personnes au Burkina Faso.
Lors de son discours d’ouverture, le Secrétaire général, Désiré Romain Compaoré, représentant la ministre de l’Action humanitaire, a souligné ces chiffres pour indiquer que, malgré les efforts déployés, le phénomène de la traite des enfants continue de prendre de l’ampleur. Il a précisé que toutes les facettes du phénomène ne sont pas encore bien maîtrisées, en raison de la crise sécuritaire et humanitaire que traverse le pays.
Aux côtés de l’ambassadrice des États-Unis au Burkina Faso et du représentant de l’Office contre la drogue et le crime, tous ont déploré la persistance de ce phénomène, malgré les multiples efforts fournis par les acteurs impliqués. Cependant, ils ont souligné qu’il était important de ne pas se laisser abattre et que les acteurs comptaient sur les acquis déjà obtenus pour espérer des perspectives concluantes dans la lutte contre ce phénomène dans un avenir proche.
Ces perspectives ont été détaillées dans l’exposé de M. Donfoui Bonkian, Commissaire de police et deuxième intervenant de la journée.
« Selon l’article 3 du Protocole de Palerme, l’expression « traite des personnes » désigne le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. L’exploitation comprend, au minimum, l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou le prélèvement d’organes », a-t-il contextualisé avant d’indiquer que cette convention n’est pas pleinement respectée.
M. Bonkian a ensuite évoqué les défis à relever dans la lutte contre la traite des enfants et les perspectives à venir. Parmi les défis énumérés, il a mentionné : la nécessité d’assurer une stabilité sur les plans sécuritaire et humanitaire, l’augmentation des ressources allouées à la lutte contre la traite des enfants, le renforcement du partenariat national et international, ainsi que la promotion de la culture de dénonciation systématique des cas de traite.
« Les violences faites aux enfants et aux femmes étant une réalité au Burkina Faso, les BRPE constituent un maillon important dans le système de protection. Un engagement personnel et une synergie d’action plus renforcée avec les autres acteurs permettront la mise en œuvre effective des activités de ces services », a conclu M. Bonkian.
Il convient de noter que, lors des échanges et de la séance de questions-réponses, les partenaires et acteurs ont exprimé leur volonté de travailler ensemble pour éradiquer la traite des personnes au Burkina Faso. À cet égard, le représentant du HCR a suggéré que le ministère de l’Action humanitaire associe désormais sa structure à tous les cadres d’échanges relatifs à la traite des personnes. À cela s’ajoute le plaidoyer du parlement des enfants pour un cadre propre àà eux.
Mamourou Benao ✍️