La suspension de la radio Oméga et l’annulation de la demande d’extradition de François Compaoré dans le cadre du dossier Norbert Zongo, étaient les deux principaux sujets au menu d’une conférence de presse, animée, ce lundi 11 septembre 2023, à Ouagadougou, par les leaders des Organisations professionnelles des médias (OPM).
Au présidium de cette rencontre avec les journalistes au Centre de presse Norbert Zongo, Djezouma Sanogo, Inoussa Ouédraogo, Me Séraphin Somé, avocat de la radio Oméga, et Me Prospère Farama, un des avocats de la famille Norbert Zongo.
Alors que l’opinion apprenait la levée de la mesure de suspension de la radio Oméga fermée le 10 août dernier, hier 10 septembre 2023 à travers un communiqué du gouvernement parlant d’une décision des suites d’une médiation de l’Observatoire burkinabè des médias (OBM) mandaté par les responsables du média Oméga qui aurait reconnu sa faute et tiré toutes les conséquences, la radio de son côté déclare le contraire et dément cette partie du communiqué de l’autorité à travers un autre communiqué.
En effet, Radio Omega dément avoir demandé la médiation de l’OBM et précise n’avoir jamais dit tiré leçons de cette sanction. Ainsi, pour Inoussa Ouédraogo du CNP-NZ, l’OBM est signataire de la déclaration des OPM intervenue au lendemain de la suspension d’Oméga, mais il n’a jamais pipé mot aux autres organisations quant à sa démarche auprès des autorités. « Nous avons été surpris de cette démarche de l’OBM parce que nous n’avons pas été mis au courant. Nous sommes surpris de cette démarche qui a été faite sans même avoir pris le soin de nous avertir. C’est dans la nuit que nous avons tous apprise que cette structure était dans une démarche de médiation. Entre la nuit, jusqu’à aujourd’hui, nous avons essayé de comprendre, mais à ce stade, nous n’avons pas l’ensemble des éléments d’appréciation pour vous dire exactement ce que tout cela retourne en dehors de ce qui a été dit dans la déclaration », a-t-il donc expliqué.
En tout état de cause, les OPM disent avoir pris acte de la levée de la suspension qui n’est qu’une « justice rendue à la radio, à ses travailleurs et à son public injustement privé de leur droit constitutionnel à l’information ».
Interrogé dans la foulée sur la suite qui sera réservée à la procédure déjà pendante devant le Tribunal administratif, Me Séraphin Somé en sa qualité d’avocat de la radio Oméga rétorque en faisant savoir qu’il ne s’était pas encore concerté avec son client et que si suite à donner il y a, cela interviendra après concertation avec son client.
Pour Inoussa Ouédraogo et ses compagnons, ces derniers événements sont largement suffisants pour avoir des craintes pour ce qui est de l’avenir des libertés aux pays des hommes intègres. Ils en appellent à la mobilisation de tous les « freedoom fighter « pour préserver les acquis. « Plus que jamais, nous devons nous mobiliser parce qu’il y a des informations nous parvenant, notamment en ce qui concerne le Conseil supérieur de la communication (CSC) qui fait état de ce qu’il y a des réformes en cours qui viseraient à permettre au président du Faso de désigner le président du CSC et ce dernier désignera le vice-président. Autrement dit, le chef de l’Etat aura la possibilité de désigner et le président, et le vice-président. C’est un recul grave et annonciateur de restrictions véritable de nos libertés. Le texte n’est pas encore adopté, mais il est en phase de l’être et il indique que le président du Faso va désigner un représentant venant du monde des médias, un du monde judiciaire et un autre représentant dont le profil n’est pas clairement établi. Ce qui laisse entrevoir que ça pourrait être un nouveau capitaine à la tête du CSC… Nous avons véritablement peur, nous sommes inquiets et interpellons les autorités sur la nécessité… De préserver cet outil pour le bien de l’ensemble des Burkinabé », ont-ils déclaré.
Pour ce qui est de l’’extradition de François Compaoré dans le cadre du dossier Norbert Zongo, les conférenciers du jour ont souhaité que les actuels dirigeants puissent jouer leur participation si cela n’est pas encore fait afin que ce dossier qui n’a que trop duré, puisse connaître un dénouement.
✍️ Mahomed7 BENAO