Frères et sœurs en Christ et en humanité
Bienvenue aux hommes et femmes des médias,
Chaque année, le Seigneur nous donne de vivre un temps spécifique, un temps de grâce du christianisme : 40 jours de Carême qui se conclut par la Semaine Sainte.
La porte du Carême, c’est le Mercredi des Cendres ou chaque chrétien est invité à revenir au Christ, et à renouveler sa manière, sa qualité de vivre ensemble avec les frères et sœurs dans l’Aumône, le Partage, la Prière, le Jeûne et l’Abstinence. Le Carême est un temps de grâce pour nous préparer à la fête de Pâques.
Comme vous le savez le Carême se conclut par la Semaine Sainte et le Triduum Pascal.
La Semaine Sainte est inaugurée par le Dimanche des Rameaux célébré cette année le 10 avril 2022 par la commémoration de l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem et la Messe de la Passion.
La Grande Semaine Sainte comprend ce que nous appelons en latin le Triduum Pascal c’est-à-dire les trois jours Saints : Jeudi Saint, Vendredi Saint, Samedi Saint.
L’Eglise célèbre solennellement dans un Triduum Sacré les mystères les plus grands de notre Rédemption, de notre Salut, par des célébrations particulières.
Le Jeudi Saint est le premier des trois jours du Triduum : nous commémorons la Scène ainsi que le lavement des pieds par notre Seigneur Jésus Christ. C’est l’INSTITUTION DE L’EUCHARISTIE (la Communion), et du SACERDOCE MINISTERIEL. C’est la fête des PRETRES. Vous voudriez bien prier pour eux afin qu’ils soient d’authentique reflet de Jésus, des Prêtres selon le Cœur de Jésus.
Le Jeudi Saint se poursuit dans la journée du Vendredi Saint par la célébration de la Passion du Seigneur. Pilate livre Jésus pour
qu’il soit crucifié tel un esclave par les Juifs. En mourant sur la Croix Jésus pose un acte d’amour suprême envers le Père pour le Salut du monde. Telle est notre Foi chrétienne.
Le troisième jour du Triduum commémore celui où le Christ est ressuscité : c’est la PAQUES sommet de l’année liturgique qui inaugure le temps pascal qui durera 50 jours, c’est-à-dire du dimanche de Pâques jusqu’à la fête de la Pentecôte.
Frères et sœurs bien aimés, la fête de Pâques commémore et célèbre la mort et la Résurrection de Notre Seigneur Jésus. Il est vraiment mort et Ressuscité le troisième jour. Sa résurrection est l’entrée dans une vie nouvelle. C’est un évènement unique.
Confiante en la Parole et prouesse du Seigneur, à Pâques, l’Eglise loue et glorifie le Christ Immolé et Ressuscité. Avec l’Apôtre Paul nous croyons fermement qu’en « mourant, il a détruit notre mort, en ressuscitant il nous a rendu la vie ».
Le récit évangélique de la découverte du tombeau vide par les premiers témoins : les femmes, Pierre, Jean…et les multiples manifestations du Ressuscité… invitent à croire ! Et par le Baptême qui nous unit à sa mort nous avons été mis au tombeau avec lui, pour que nous menions une vie nouvelle (Rm 6, 3-11).
La vie nouvelle inaugurée par Jésus Ressuscité est promise aux disciples, au monde entier : « La Paix soit avec vous » ! et Jésus les envoie dans le monde entier pour être des artisans de Paix « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie » et il leur donna son Esprit par cette tâche capitale : « Recevez l’Esprit Saint pour être témoin et artisan de paix ».
Ce message de paix de Pâques est en pleine consonnance avec celui de la nativité. A la naissance de Jésus à Bethleem, une troupe céleste innombrable louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
Chers amis, la crise sécuritaire que connait notre pays le Burkina Faso nous interpelle tous et devrait nous rendre sensible et déterminé eut égard au message pascal relatif à la Paix.
A ce propos je voudrais partager avec vous une heureuse initiative burkinabè pleine d’Esperance.
A la faveur de la coïncidence providentielle du temps de Carême et du mois de Jeûne de nos frères et sœurs musulmans, d’un commun accord nous nous sommes retrouvés le mercredi 13 avril 2022 autour d’une activité relative à la paix. Le thème retenu est libellé comme suit : Cohésion sociale et fraternité humaine.
Au nom de notre Eglise Famille de Dieu, je voudrais exprimer notre sincère gratitude à la Ligue Islamique pour la Paix au Faso, pour ses initiatives, sa disponibilité et son engagement au service de la cohésion sociale, la fraternité, la paix… et notre reconnaissance à notre nouveau ministre chargé des Affaire Religieuses et Coutumières pour son leadership prometteur.
Daigne le Seigneur faire fructifier les efforts de tous les fils et filles du Burkina Faso pour la promotion de la fraternité humaine et la Paix.
Dans son message adressé aux musulmans à l’occasion du Ramadan 2022, par le Conseil Pontifical pour le Dialogue Inter-Religieux, le Pape François attire notre attention sur un des aspects importants de la vie : le PARTAGE. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons constituent un don de Dieu et nous devons partager avec nos frères et sœurs qui sont dans le besoin. Nos frères et sœurs déplacés internes vivent dans la pauvreté et dans des situations précaires. Hier soir, de façon symbolique, nous avons manifesté notre compassion et notre solidarité avec une centaine de familles déplacées, victimes des attaques terroristes.
Au-delà du soutien matériel (maïs, riz, savon, sucre, sel) il s’agit avant tout de partager les joies et les peines des uns et des autres qui font partie de toute vie humaine, car « une douleur partagée est réduite de moitié et une joie partagée est doublée » nous enseigne le Pape François.
Comme vous le savez, le 4 février 2019 à Abou Dhabi, le grand Imam d’Alzhar, Ahmed El-Tayeb et le Pape François ont signé un document conjoint de grande portée sur la fraternité humaine pour la paix mondiale.
Je vous en livre un extrait : « Le premier et le plus important objectif des religions est celui de croire en Dieu, de l’honorer et d’appeler tous les hommes à croire que cet univers dépend d’un Dieu qui le gouverne, qu’il est le Créateur qui nous a modelés avec Sa Sagesse divine et nous a accordé le don de la vie pour le préserver. Un don que personne n’a le droit d’enlever, de menacer ou de manipuler à son gré…
Les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang. Ces malheurs sont le fruit de la déviation des enseignements religieux, de l’usage politique des religions et aussi des interprétations de groupes d’hommes de religion qui ont abusé – à certaines phases de l’histoire – de l’influence du sentiment religieux sur les cœurs des hommes pour les conduire à accomplir ce qui n’a rien à voir avec la vérité de la religion, à des fins politiques et économiques mondaines et aveugles. (Fin de citation) »
Dans cette perspective nous devons accepter de mettre tout en œuvre pour abattre les murs de haine, d’hostilité, d’incompréhension, d’extrémisme, de violence et de tueries… et de construire des ponts de compréhension, de respect mutuel, de tolérance, de fraternité et d’amour.
En guise de conclusion, frères et sœurs bien aimés, recevez une fois de plus notre sincère gratitude pour votre présence et votre implication personnelle et collective pour qu’adviennent la réconciliation, la justice, la cohésion sociale, gage d’une paix véritable et durable.
N’ayons de cesse de prier pour nos frères terroristes, pour les personnes déplacées internes, sans oublier nos Frères et sœurs enlevés et non encore libérés…
Daigne le Dieu Tout Puissant et Miséricordieux agréer nos supplications et efforts pour l’avènement d’un monde plus digne de Dieu et d’un monde plus digne des hommes.
« Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9)
Bonne fête pascale aux chrétiens et bonne fête du ramadan aux frères et sœurs musulmans
+Philippe Cardinal OUEDRAOGO
Archevêque Métropolitain de Ouagadougou